La Guinée, depuis son indépendance en 1958, a traversé plusieurs régimes politiques, crises et transitions. À chaque étape, la situation des droits humains a subi des évolutions marquées — progrès, reculs, promesses non tenues. Aujourd’hui, les rapports des organisations internationales indiquent que bon nombre de droits civils, politiques, économiques et culturels sont sous forte tension : liberté d’expression, droit à la vie, droit de manifester, traitement des opposants, égalité pour les femmes et protection des enfants.

Historique
Période post-indépendance (1958-1984) : Sékou Touré
Après l’indépendance, le président Ahmed Sékou Touré instaure un régime autoritaire. Les libertés politiques sont limitées, les opposants persécutés, emprisonnés ou exilés. Le tristement célèbre camp Boiro devient symbole de détentions arbitraires, tortures et disparitions. L’intérêt collectif était souvent invoqué pour justifier ces abus.
Régime de Lansana Conté (1984-2008)
À la mort de Sékou Touré, le régime militaire dirigé par Lansana Conté promet des réformes : Constitution, multipartisme. Cependant, les abus persistent : détentions arbitraires, corruption, manque de justice pour les victimes de violences politiques.
Le massacre du 28 septembre 2009
Lors d’une manifestation massive de l’opposition au Stade du 28 Septembre, les forces de sécurité répriment violemment : au moins 150 personnes sont tuées, des centaines blessées, et de nombreuses femmes violées. Cet événement reste un traumatisme et un symbole de l’impunité.
De 2010 à 2020 : Entre espoirs et dérives
Avec l’élection d’Alpha Condé en 2010, les espoirs démocratiques renaissent. Cependant, des contestations liées aux élections, accusations de fraude et tensions ethniques émergent. En 2020, sa candidature controversée à un troisième mandat provoque des manifestations et une répression sanglante.
Situation récente (depuis 2021)
En septembre 2021, le colonel Mamady Doumbouya renverse Alpha Condé. Il promet de restaurer l’État, lutter contre la corruption et respecter les droits humains. Toutefois, selon Human Rights Watch, Amnesty International et l’ONU, beaucoup de promesses restent non tenues. Les manifestations pacifiques sont régulièrement interdites, des journalistes arrêtés et des médias suspendus.
Des rapports récents dénoncent l’usage excessif de la force lors de protestations, causant morts et blessés, parfois parmi des enfants. Des cas de détentions arbitraires, disparitions forcées et violations du droit à la liberté d’expression persistent.
En parallèle, une avancée majeure est le procès du massacre du 28 septembre 2009. Plusieurs responsables, dont l’ancien chef de junte, Moussa Dadis Camara, ont été condamnés pour crimes contre l’humanité. C’est un signal fort, mais la lutte contre l’impunité reste un défi quotidien.
Forces, obstacles et perspectives
Points positifs
– Procès du massacre de 2009, qui montre qu’une justice est possible – Ratification de nombreuses conventions internationales – Une société civile et des ONG actives qui documentent et sensibilisent.
Obstacles
– Instabilité politique récurrente et transitions prolongées – Impunité persistante et lenteur de la justice – Répression des libertés de réunion, d’expression et de manifestation – Pauvreté et inégalités sociales aggravant les violations des droits économiques et sociaux – Violences faites aux femmes et enfants (excisions, mariages précoces, violences domestiques).
Perspectives
Il est urgent que la Guinée avance vers un retour à l’ordre constitutionnel, avec un calendrier clair pour des élections transparentes. Renforcer l’indépendance de la justice, protéger les journalistes et garantir les libertés publiques sont des priorités. Le respect des droits économiques et sociaux, notamment l’éducation et la santé, doit également être au centre de l’action publique.
Conclusion
La Guinée a une histoire marquée par des régimes autoritaires et des violations graves des droits humains. Aujourd’hui, le pays se trouve à un tournant : il peut choisir de répéter les erreurs du passé ou de bâtir une société fondée sur la dignité, la justice et la liberté. La voix des citoyens, de la société civile et la pression internationale seront déterminantes pour que les droits de l’Homme deviennent une réalité vécue par tous.
🔍 Sources principales
Organisation / Source | Description | Lien |
Amnesty International | Rapport annuel sur la Guinée : répression des manifestations, restrictions à la liberté d’expression, conditions de détention. | https://www.amnesty.org/en/location/africa/west-and-central-africa/guinea/report-guinea/ |
Human Rights Watch | World Report 2025 – chapitre sur la Guinée : violations des droits civils et politiques, usage excessif de la force, transition militaire. | https://www.hrw.org/world-report/2025/country-chapters/guinea |
OHCHR – Nations Unies | Page pays Guinée avec rapports trimestriels et mises à jour sur les violations documentées. | |
Département d’État US | Country Reports on Human Rights Practices 2024 et précédents : restrictions politiques, arrestations arbitraires, justice. | https://www.state.gov/reports/2024-country-reports-on-human-rights-practices/guinea |
The Advocates for Human Rights | Rapport soumis à l’Examen périodique universel (UPR) des Nations Unies en 2024 : violences basées sur le genre, droits des enfants. | https://www.theadvocatesforhumanrights.org/Res/Guinea%20UPR%20CPR%20and%20GBV%20Final.pdf |